Les retours de Soso.com

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CALIFORNIE


L’histoire des petites saucisses ou Yosemite, le trail.

 


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Quand t’arrives à Yosemite, tu passes d’abord par une trrès longue route (surtout si comme moi, t’as la barraca du siècle et qu’il te faut faire 2h45 en sus  pour contourner THE park et entrer par l’Arche plutôt que par la route baptisée Oat  Flat… ) déjà, tu te dis de ton air ingénu « dieu que c’est beau ici ». On s’entend, quand on dit « dieu », on plaisante. Merci la nature plutôt. Il parait qu’il s’agit d’un sujet de philo : « Dieu ou la nature ». Bref, revenons à nos moutons- oursons- pardon.

 

Mais quand tu passes l’Arche ( oui oui tu peux lui mettre une majuscule, elle le vaut bien), tu braies* *=  déformation langagière impardonnable venant du nord de la France, lieu de résidence  principale hors voyage d’où subsistent quelques incorrections… autrement dit, tu pleures. On dit toujours que les States sont le lieu de la démesure, de l’extrême, de l’excès. Jugement validé, pour le plus grand des bonheurs : dame nature a décidé de te mettre une claque, et c’est bien d’un aller-retour dont il s’agit : la vue est grandiose, les perspectives sont immenses, les cascades se suicident sur plus de 700 mètres et les vues de malade se succèdent, sans que tu puisses rien y faire, toi, pauvre mortelle.

 

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Et alors, ton mari – enfin, ton compagnon- enfin,  l'homme de ta vie, décide de faire un trail. C’est le bon endroit me direz-vous. OUI, bien sûr, oui… ! Sauf qu’il est coach. Coach sportif. Et que lorsqu’on voit « 3.5 miles Yosemite falls upper trail » ton approximatif anglais traduit : « trail de la plus haute cascade »… Mais tu n'es pas sûre de toi, tu laisses ta traduction de coté et tu vas, gambadant, (bondissant pour lui) de rochers en rochers, faisant fi de cette distance ridicule qu’il te reste à parcourir.  GRAVE ERREUR ! Au bout de 2h35 de bonds (tu commences tout de même à peiner légèrement, la langue te pend sur le coté gauche et le poil te devient terne), tu croises une gentille chinoise, qui entre parenthèses, ELLE, descend (ah, elle peut l’être, sympa) et te dit gentiment : « huhu, more one hour ». Et là , tu te mords la langue, (en même temps, elle pendait), tu ravales ta salive d’un air digne et tu fais style d’accélérer (légèrement) le pas .  

 

Il te faudra 3h45 pour en venir à bout de cette montée de ***#~= è !! (injures censurées sur ce blog, au grand dam de la bloggeuse, qui est du genre vulgaire quand les mots n’ont plus de poids). Même le coach sportif a morflé. C’est pour dire.  Mais arrivée au sommet, subitement- comme par enchantement comme on dirait-, t’as oublié tes petits mollets douloureux et ton genou branlant (comme vous allez dire que je suis mal foutue, aussi tiens-je à préciser qu’il s’agit de mes mollets et de SON genou, merci) – tu nages en plein dream : le bruit du tonnerre, les gouttes d’eau qui jaillissent, les tonnes d’eau qui se déversent juste à coté de toi… c’est la Yosemite upper fall  qui choisit de choir devant toi et de s’écraser, presqu’un kilomètre plus bas sans que tu puisses en retenir une larme. Spectacle écrasant.

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Il te reste la descente. Une paille ! Sauf que…. Dans les graviers, pardon, les cailloux, so soooorry : les rochers, tu oublies le sens de la marche, et tes chevilles sont comme de la guimauve : légèrement ankylosées, voire même… molasses. Les isquio-jambiers (autant que je me serve du vocabulaire fitnessien du conjoint) ont bien bossé, je vous le garantis. Et se déroule alors un phénomène original. Pour vérifier l’heure, tu souhaites t’emparer de ton portable. Impossible. Tu sens comme un… gonflement … un truc qui coince. Quand ton regard tombe sur tes mains, tu vis l’horreur : à la place de tes doigts fuselés se trouvent dix petites saucisses boudinées. Tu as beau les agiter en mode macarena (en un peu moins sexy du coup), les piquer avec le couteau suisse gravé « Yosemite », rien n’y fait. Tu termines donc la descente les mains en l’air, avec l’espoir d’avoir redégonflé pour le repas en amoureux du soir. Si néanmoins quelqu’un avait une explication rationnelle à cet étrange phénomène... 

 

Sinon, tu sais pertinemment que la dernière navette est à 9 pm. Il est juste 8 :50 pm quand tu franchis le dernier obstacle.  Tu stresses un peu : si tu la rates il te reste 2 miles à parcourir. Plutôt mourir. Dans un dernier élan, tu dépasses tes limites, tu pousses sur tes petits mollets meurtris… et tu arrives à 9 :03pm. Mais les ricains, y’a pas à dire, sont bien sympas : leur service terminé, ils t’emmènent dans leur carrosse sans un grognement de babouin, sans une remarque sur ton manque de ponctualité bien français, le sourire aux lèvres, la main tendue.

 

Il te restait un rêve ; un ours. Même un petit. Un embryon. Un fœtus. Quand on a repris la voiture ce soir là, t’avais un mini regret. Pas un n’avait montré le bout de son museau. Il fallait se diriger vers l’arche, et repartir pour une nouvelle aventure le lendemain. Quand tout à coup… l’homme a fait un virage brusque ; comme je ne l’avais pas mis en colère, c’était pour une autre raison. Et là, derrière un buisson, un ourson. Malgré l’émotion de voir la vie-la-liberté-dans-la-nature, je tiens tout de même à rétablir la vérité : toi, tu imagines un petit truc so cuuuute. Il faut plutôt voir quelque chose  de poilu certes, mais dodu, replet, voire gras  (on sort de l’hibernation en même temps, hein) qui, quand il se déplace, fait se mouvoir des vagues de ce que tu appellerais vulgairement : cellulite. Mais sur lui, ça fait bien. T’as juste envie d’un gros câlin…   

 

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24/05/2017
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